En négociation comme les relations de travail, il y a ce qu’on nomme le « rapport de force ».
Ce rapport de force vise avant tout à maintenir un équilibre entre les parties concernées. (On imagine assez rapidement s’il y avait un déséquilibre du côté de l’employeur).
Un déséquilibre du côté des travailleurs, ou syndical, n’est pas mieux.
Connaissant l’être humain il y aurait aussi des abus de ce côté. C’est pourquoi le Code du travail a été conçu pour maintenir cet équilibre le plus possible et permettre des négociations saines et de bonne foi lors de l’échéance des conventions collectives de travail.
Que se soit grâce à la loi anti-briseur de grève, au maintien de la paix industrielle en cours de convention ou autre, toutes ces règles ne visent qu’à permettre aux parties d’effectuer des négociations ayant des résultats satisfaisants sur différents éléments pour les deux parties.
Un « rapport de force » évolue tout au long des négociations, dues à des facteurs internes ou externes.
Mais qu’arrive-t-il si le rapport de force est suffisamment déséquilibré ?
Il s’en suit, inévitablement, un conflit !
La plupart du temps quand une des deux parties croit avoir beaucoup plus de « force » que l’autre, il reste cantonné sur ses positions ce qui enclenche le processus de grève ou de lock-out.
La durée de ce conflit va dépendre de l’évolution du rapport de force. Si la partie qui est restée sur ses positions « gagne » en force, le conflit s’étirera.
Sans nommer aucune entreprise, prenons l’exemple d’une entreprise qui réussirait à faire autant de profit qu’avant son conflit tout en respectant, ou presque, les règles du Code du travail.
L’entreprise X, fait 100 000.00$ de profit par mois, elle demande des changements drastiques et est très arrogante en négociation. Vu qu’elle ne peut passer 100% de ses demandes, elle décide de mettre ses employés en lock-out. Les revenus sont un peu moindres, mais ses coûts en main-d’œuvre aussi et il rentre encore 100 000.00$ de profit par mois.
Pour quelle raison cette entreprise déciderait tout d’un coup de reprendre les négociations de bonne foi ?
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Il faut un « rebalancement » des forces. Aucune autre solution possible.
Ce rebalancement peut provenir d’alliance entre différents groupes de travailleurs reliés à ce domaine ou à d’autres entreprises appartenant aux mêmes propriétaires. Il peut provenir du politique, qui serait assez « brillant » pour dire qu’il faut maintenir les objectifs du Code du travail.
Même des clients de cette entreprise, qui feraient sentir leurs mécontentements à celle-ci pour qu’ils retournent à la table de négociation. Malheureusement la « pression » populaire fonctionne très rarement, c’est le principe de « ce n’est pas dans ma cour », autrement dit « ça ne me touche pas directement »… pas cette fois du moins.
Par le passé, ce rebalancement engendrait des « batailles » et autres conflits physiques directement sur les lignes de piquetage. Encore aujourd’hui, dans d’autres pays bien sûr, ceci peut générer de petite « révolution civile ».
L’exemple de l’entreprise X, ressemble au lock-out actuel qui dure depuis trop longtemps (plus de 24 mois), ici au Saguenay Lac-Saint-Jean.
S’il existait une politique qui s’occupait réellement de ses citoyens, il y a longtemps qu’il serait réellement intervenu après avoir constaté que la médiation ne donnait pas vraiment les résultats espérés.
Les alliances sont quand même assez présentes, même si elles pourraient être plus nombreuses, mais quand un conflit ne fait pas assez « mal » à une des parties, rien n’avance vraiment.
Il reste la « pression » publique, tel que le « non-achat » qui fonctionne plus ou moins, car il y a toujours quelqu’un pour faire le contraire, mais aussi la « pression » publique envers les clients autour ou encore les fournisseurs.
Et si tous ceux qui croient qu’une négociation devrait se faire à « armes égales » et de bonne foi décidaient d’écrire au dirigeant des constructeurs automobiles pour faire savoir leurs mécontentements de la situation ?
Si nous décidions d’influencer autour de nous, dans les différents comités auxquels nous participons. Conseil scolaire, conseil de ville ou tous autres comités d’administrations pour qu’eux aussi écrivent aux constructeurs et leurs mentionner que leurs prochains achats pourraient s’effectuer ailleurs…
Des idées de « rebalancement » des forces il peut y en avoir de nombreuses, que ce soit dans ce conflit ou dans un autre, mais que les enjeux soient importants ou non, qu’ils proviennent de la partie patronale ou syndicale, le seul moyen de les régler est de négocier.
Si un conflit “s’étire” vous devez absolument ramener le rapport de force en équilibre, au minimum, ou à votre avantage.
Et attention avant de juger qui que ce soit dans un conflit.
Aucune personne qui gagne sa vie en tant que travailleur n’est à l’abri de ce genre de chose.
Malheureusement, trop de pouvoir d’un seul côté apporte le risque d’abus dans les relations de travail. Et après il ne reste plus beaucoup de chemin à faire pour créer plus d’emplois précaires et de mauvaises qualités.
Et beaucoup d’entreprises en sont rendues à penser que pour faire plus de profits, il faut couper sur le dos de leurs employés.
Regardez autour de vous, quand les entreprises qui sont vos clients auront utilisées leur rapport de force « supérieur » pour couper dans leurs coûts sur le dos de leurs employés pour augmenter leurs profits, où iront-ils couper après ?
Je crois que je n’ai pas besoin de vous souffler la réponse !
Mario Jean
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