Un article de M. Olivier Schmouker, du journal Les Affaires m’a inspiré cette théorie pour bien expliquer ce que certaines grandes entreprises, et mêmes les institutions sont en train d’appliquer chez nous, au Québec.
Ils l’appliquent depuis des années à bien des endroits, maintenant c’est à notre tour…
À la différence d’ailleurs, au Québec, nous avons un Code du travail et un taux de syndicalisation plus enviable, bien qu’il pourrait être amélioré grandement. Donc pour « enrayer » cette stratégie les travailleurs et leurs syndicats, doivent eux aussi avoir et appliquer des méthodes différentes, sinon nous sommes voués à une poursuite de la chute des conditions de travailles déjà bel et bien entamées.
L’article qui m’a inspiré parle de l’agnotologie.
Ce grand mot, nouveau pour moi, veut simplement dire l’étude de la production de l’ignorance.
Oui, il faut relire deux fois ce que ça signifie, on n’est pas habitué à dire que nous éduquons à être ignorant. Il y a comme une contraction à même la phrase.
Mais où veut-il en venir par rapport aux relations de travail ?
Soyez patient, j’y viens.
Pourtant c’est bien ce que ce mot signifie. L’article donne de bons exemples pour expliquer le principe, tel que ;
- Le réchauffement climatique est un canular.
- La crise des « subprimes » est due aux pauvres.
On apprend également que les producteurs de cigarettes, dès 1969, maintenaient qu’il fallait créer le doute et semer la controverse pour combattre les faits connus du grand public.
Donc de grandes entreprises utilisent cette stratégie, l’agnotologie, pour créer le doute, installer la controverse entre les travailleurs, entre les instances publiques, etc.
Je m’en rends compte à même l’endroit où je travaille, à même les différentes nouvelles reliée au monde municipal, institutionnelle ou gouvernementale. C’est en train de s’installer et de s’appliquer partout.
Beaucoup de monde, travailleurs, syndicats ou autres s’en rendent compte j’en suis certain, mais il était difficile d’y associer un nom ou une stratégie générale.
Mais pourquoi une entreprise ferait ça vous pensez ?
Vous maintenir dans l’ignorance
Voici un exemple, que je connais bien, vous aussi probablement.
Une entreprise syndiquée veut sous-traiter. Oui la sous-traitance est nécessaire, mais ici je dis qu’elle veut remplacer tous ces employés dans un certain domaine par des sous-traitants. Des employés « loués », sans avantages ou presque et jetables. Du travail précaire…
La convention collective l’en empêche et bien entendu le syndicat qui fait bien son travail refusera de négocier ces méthodes.
Donc que fait l’employeur, il applique l’agnotologie ;).
Maintenant, la direction donne plusieurs travaux directement à la sous-traitance, sans parler ou demander quoi que ce soit au syndicat.
Malgré que les travailleurs et le syndicat crient haut et fort, l’employeur leur suggère de lever un grief… S’en suivent d’autres travaux, avec des justifications qui ne tiennent pas la route.
Avec le temps, et ce très rapidement le syndicat épuise beaucoup de son temps à tenter de ramener quelque chose de viable, les griefs s’empilent, mais la lenteur juridique fait en sorte que ceux-ci ne se règlent que 1 ou 2 ans plus tard, quand ils se règlent.
En plus certains travailleurs mettent en doute l’efficacité de leur syndicat. Curieusement, certains crient plus fort face au syndicat que face à l’employeur, pourtant c’est l’employeur qui applique ce style de relation de travail.
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Et voilà, le doute s’installe, les controverses se multiplient
L’objectif ultime de cette stratégie est simple. Enlever le plus de pouvoir possible au syndicat. Ce « pouvoir » est issu de la solidarité des travailleurs, des membres du syndicat, car le syndicat ce sont les membres !
Quand on regarde les histoires vécues ailleurs, et même quelques syndicats d’ici, on voit bien qu’ils deviennent un syndicat sans force ni pouvoir, l’employeur applique les relations de travail comme il le veut et il ne reste qu’un noyau de travailleurs bien organisés.
Vous pensez que j’exagère ?
Regardez autour de vous ce qui se passe, analysez un peu en ayant en tête ce principe, vous arriverez aux mêmes conclusions que moi.
Un autre exemple ?
Les municipalités, qui ont réussi à convaincre, très facilement, le gouvernement de légiférer sur les régimes de pension.
Ils ont clamé haut et fort ce que ça leur coûtait, ils ont semé la controverse en entrant dans la tête du peuple que ça n’avait pas de bon sens qu’en tant que payeur de taxes il paie tout ça…
Mais ils ont bien pris soin de ne pas parler du niveau de vie des retraités. De toute l’économie créée par des retraités qui sont capables de consommer, plutôt que de devoir « vivre » en CHSLD.
Grâce à cette controverse, ils ont atteint leur but avec la bénédiction d’une majorité. Une majorité qui a oublié qu’un jour leurs enfants auraient remplacé ceux partis à la retraite et auraient bénéficié de ces avantages, ou encore que leur PME grandissait grâce à cette consommation.
Je pourrais vous citer des exemples pendant des pages et des pages.
Au travail, regardez autour de vous. Si vous entendez plus de mauvais commentaires sur votre syndicat que sur l’employeur quand il y a des changements ou une augmentation de la sous-traitance, c’est que votre employeur est en train de mettre en place l’agnotologie.
Tous, peuvent enrayer cette stratégie
La première étape est d’aller vous informer à votre syndicat. Questionner, échanger et donner votre idée. Ne tenez pas pour acquis ce que l’employeur vous dit, soyez critique.
Juste le fait de connaitre l’agnotologie, de savoir ce que l’employeur tente de faire peut enrayer cette méthode.
La solidarité, entre vous et envers votre syndicat, est votre plus grande force.
Cette stratégie s’applique principalement dans les très grandes entreprises, ils l’appliquent par défaut dans des populations où l’organisation du travail n’est pas encore répandue. Ici, ils se structurent mieux, mais font de même.
On voit cette stratégie s’implanter également dans le réseau public de plus en plus. C’est simple à comprendre, les grands « consultants » et spécialistes de ce monde recopient ce système dans d’autres organisations. Ils font leur argent avec ces méthodes.
Des gestionnaires qui quittent la grande entreprise se retrouvent dans les institutions publiques, enseignements, santés ou autres. Ils répliquent ce qu’ils faisaient dans la grande entreprise et ne connaissent que ce système. S’en suit le même résultat qui semble leur donner raison au début, mais qui par la suite rend l’institution ou l’entreprise en très mauvaise santé.
Allez maintenant, au travail, vérifié si ce n’est pas déjà débuté chez vous. Malheureusement, je crois bien qu’à beaucoup d’endroits ce soit le cas.
Par la suite, que vous soyez travailleur ou syndicat, mettez en place ce qu’il faut pour votre survie !
Mario Jean
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